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Le CCOMS re-désigné par l’OMS jusqu’en 2026
Le Centre Collaborateur de l'OMS pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS), service de l'EPSM Lille-Métropole, vient d’être redésigné pour la période 2022-2026 par l’Organisation mondiale de la santé. Le CCOMS de Lille, porteur de nombreuses innovations en santé mentale, demeure donc l’un des 46 centres collaborateurs de l’OMS spécialisés en santé mentale dans le monde.
Lire le communiqué ici.

Dr Jean-Marc Destaillats, psychiatre, chef de pôle, CH de Jonzac (17)*

« QualityRights : accompagner le passage de la pathologie au handicap »

Pourquoi vous être engagé dans le programme QualityRights ?
« L’équipe d’observateurs nous a rendu visite il y a un peu plus de deux ans. Nous avions initié la démarche à l’occasion d’un nouveau projet architectural. Ce programme s’inscrit complètement dans la continuité de la philosophie de service d’accompagnement du handicap psychique et du changement de regard des professionnels par le prisme des droits. Nous soignons des personnes souffrant de troubles de la santé psychique, mais nous les considérons avant tout comme des citoyens à part entière, qui ne sont pas prédestinés à être hospitalisés et enfermés à cause de leur comportement. Nos pratiques sont ainsi orientées vers le rétablissement et le renforcement du pouvoir d’agir des personnes concernées, afin qu’elles puissent, le plus possible, prendre les décisions qui les concernent dans leur projet de soins. Cela se traduit, entre autres, par la présence de cinq médiateurs de santé pairs dans le pôle, dévolus, dans les équipes mobiles, au suivi de leur parcours de rétablissement au domicile et lors des hospitalisations. Leur présence est importante, notamment car elle donne à voir aux autres professionnels d’autres manières d’interagir à partir de leurs savoirs expérientiels.
Le respect des droits, c’est d’abord une affaire de lutte contre la stigmatisation, par le diagnostic et par la pathologie. Il faut rappeler que l’on peut tout à fait « vivre avec et malgré les troubles » ce qui est une des définitions du rétablissement. L’essentiel pour les intervenants est de passer de la pathologie psychiatrique au handicap psychique, de réflexions sur les décisions à prendre uniquement basées sur les symptômes et le comportement de la personne, à des réflexions qui intègrent les droits et le respect de la citoyenneté et la compétence des personnes accompagnées à se saisir de ce qui les concerne. »

Que vous a apporté l’observation QualityRights menée par le CCOMS dans votre service ?
« Le programme, à travers ses cinq axes de réflexion**, peut tout à fait être considéré comme un outil de management qui accompagne le changement des pratiques des équipes, en rattachant ces thèmes et cette approche respectueuse des droits à leur quotidien. Sa construction et aussi sa simplicité de mise en œuvre, nous ont amenés à questionner à nouveau nos pratiques et à réfléchir, sur la base d’exemples qui fonctionnent ailleurs. Ce programme laisse la possibilité aux professionnels de construire et de s’approprier leurs propres solutions pour le respect des droits, adaptées à notre contexte local et institutionnel ou d’anticiper cette question pour de futurs projets. Par exemple, chez nous, le projet architectural a pu être pensé en tenant compte, dès le départ, du prisme « droits ». En outre, le programme aide les professionnels à mieux connaître et envisager la perception de l’accompagnement par les proches et les usagers eux-mêmes, bien au-delà des simples questionnaires de satisfaction, qui ne vont pas aussi loin dans la réalité du vécu du soin. La dynamique comporte également, pour les usagers, une amélioration de la connaissance de leurs droits. Cette souplesse d’adaptation et cet enrichissement mutuel sont clairement les importantes plus-values de ce programme.
A Jonzac, cela s’est par exemple traduit par une ambition de parvenir, pour chaque patient, à la co-construction d’un programme de gestion de la crise afin d’éviter le plus possible les pratiques de contrainte. Ce travail commence en amont quand les personnes sont suivies en ambulatoire ou dès l’admission. Aujourd’hui, une crise est systématiquement analysée, pendant et après celle-ci, avec la personne, dans la perspective d’enrichissement de ce plan de crise, qui est un document partagé et réajustable. Cela permet d’améliorer et d’apaiser sensiblement le vécu de la personne, et aussi celui des professionnels, puisqu’il leur donne une référence sur laquelle se baser lorsqu’ils font face à une situation vécue par un usager qu’ils ne connaissent pas forcément.
Dans le même ordre d’idées, nous encourageons les usagers à enrichir les observations indiquées par les professionnels dans leur dossier-patient par la saisie, avec l’aide de la secrétaire, de leurs propres commentaires et observations sur la manière dont les choses se passent pour eux et selon eux. S’intéresse-t-on au confort, à ce que la personne pense, à la manière dont elle est accueillie et à l’information qu’elle peut avoir, à la qualité des soins qu’elle peut recevoir, ses sollicitations sont-elles prises en compte, etc ?
Ce travail est bien plus valorisant pour un professionnel qu’une seule surveillance du respect des normes de sécurité. On voit les effets de l’observation longtemps après celle-ci, sans avoir besoin de se conformer à des normes lourdes. Au final, je dirais que QualityRights est un outil de transformation des postures professionnelles, d’évolution de la dissymétrie de la relation entre les personnes concernées par un trouble et les soignants, en soulignant l’importance d’une évolution des pratiques vers le respect de la citoyenneté, la dignité, la liberté et les droits, et sans l’exigence institutionnelle parfois requise (qui peut s’apparenter pour les équipes à une forme de violence). En ce sens, la démarche diminue la maltraitance non seulement des usagers, mais également des professionnels. »

* Remerciements à Daniel Le Guillermic, cadre supérieur du pôle, pour sa contribution.
** Niveau de vie adéquat ; Etat de santé physique et mental ; Capacité juridique ; Prévention de la violence et de la maltraitance ; Autonomie et inclusion.

Accédez ici à la formation en ligne QualityRights de l'OMS pour faire progresser la santé mentale, éliminer la stigmatisation et promouvoir l'inclusion communautaire.
L’inscription à cette plate-forme, disponible en français est gratuite et donne la possibilité d’obtenir un certificat officiel de l’OMS.
En savoir plus sur le programme.


1er janvier 2023 : extension de la PCH aux personnes ayant un handicap mental en 2023
Les personnes sourdaveugles ou atteintes d'un handicap psychique, mental ou cognitif, pourront bénéficier du financement d'une auxiliaire de vie pour accomplir des actes de la vie quotidienne, comme faire leurs courses, prendre les transports en commun, effectuer des démarches administratives, à partir du 1er janvier 2023. L'aide humaine pourra être attribuée si la personne en situation de handicap éprouve des difficultés pour : gérer son stress face à l'imprévu ; gérer ses interactions sociales ; planifier, organiser, entamer, exécuter et gérer le temps d'activités habituelles ou inhabituelles ; effectuer des « tâches multiples » de la vie quotidienne, comme préparer un repas ou se rendre à un rendez-vous médical. La personne en situation de handicap pourra également être accompagnée dans les transports. Le temps d'aide humaine pour le soutien à l'autonomie pourra atteindre 3 heures par jour et sera attribué sous la forme de crédit temps capitalisé sur une durée de douze mois. Ce temps consiste à accompagner la personne dans la réalisation de ses activités, sans les réaliser à sa place, notamment pour les activités ménagères. Cette prestation pourra être cumulée avec les besoins d'aide humaine pris en charge à un autre titre, par exemple ceux liés à l'activité professionnelle ou à la participation à la vie sociale.
En savoir plus.

500 recrutements pour le soutien psychologique des personnes en situation de grande précarité
L’instruction interministérielle, publiée au BO du 29 avril, précise les modalités de mise en œuvre et de financement du dispositif de recrutement, sur trois ans, de l’ordre de 500 professionnels intervenant dans les structures d’hébergement et d’accueil, afin de faciliter la prise en charge psychologique des personnes en situation de précarité. Il s’agit de la mise en œuvre de la mesure 9, issue des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. 10 millions d’euros sont prévus en 2022, puis 20 en 2023 et 30 par an à compter de 2023. Seront recrutés en priorité des psychologues et des infirmiers en pratique avancée (IPA) mention santé mentale et psychiatrie ou des infirmiers formés ou expérimentés en santé mentale.
Instruction interministérielle N°DIPLP/DGOS/DIHAL/2022/96 du 1er avril 2022 relative au soutien psychologique des personnes en situation de grande précarité dans les centres d’hébergement et lieux d’accueil.

Rapport - Réinvestir la psychiatrie : une urgence sanitaire, un défi démocratique
Edité par la Fondation Jean-Jaurès, le rapport rédigé par Boris Nicolle, psychiatre, Praticien Hospitalier au CH des Pyrénées, fait suite à de nombreuses auditions. Il donne notamment vingt pistes de réflexion pour la refondation d’un véritable service public de psychiatrie, ouvert sur la société, organisé autour de l’usager dans une optique de rétablissement et caractérisé par une culture de la coopération, de la pluridisciplinarité et de l’évaluation.
A lire ici.

Avis du CGLPL relatif à l’interprétariat et à la compréhension des personnes privées de liberté
Au Journal officiel du 3 mai 2022, le Contrôleur général a publié un avis relatif à l’interprétariat et à la compréhension des personnes privées de liberté. Le CGLPL a été plusieurs fois interpellé sur la situation de personnes sourdes ou qui ne savent ou ne peuvent pas lire. Il est chaque fois question de l’absence d’outils permettant de garantir leur compréhension mais également de l’absence de sensibilisation du personnel des lieux d’enfermement à leur situation. Dans sa recommandation, le CGLPL formule plusieurs recommandations, comme rendre accessible des services informatiques de traduction au personnel, l’établissement de conventions avec un service d’interprétariat professionnel ou l’intervention d’interprètes en langue des signes pour les moments importants de la privation de liberté. S’agissant des établissements de santé, « Il ne saurait être admis que des consultations médicales de personnes étrangères se déroulent sans l’intervention d’un interprète, et que les prescriptions médicales leur soient adressées sans être préalablement traduites. Cette exigence doit impérativement s’appliquer aux établissements de santé mentale, dans lesquels exercent parfois des médecins étrangers qui ne sont pas toujours bien compris de leurs patients privés de liberté. Dans chaque lieu de privation de liberté, une convention avec un service d’interprétariat doit être conclue afin de permettre l’intervention d’un interprète professionnel à tout moment, lorsqu’une personne privée de liberté ou le personnel ne maîtrise pas la langue française ».
A lire ici.

Enabee : première étude nationale sur le bien-être des enfants de 3 à 11 ans
Santé publique France, avec l’appui des ministères chargés de la Santé et de l’Education nationale et des acteurs agissant auprès des enfants et des jeunes, a lancé le 2 mai 2022 le terrain de l’étude Enabee, première étude nationale sur le bien-être des enfants de 3 à 11 ans. Cette étude a pour vocation de produire des indicateurs manquants ou parcellaires sur leur bien-être et s’inscrit dans un dispositif plus global de surveillance de la santé des enfants et des jeunes. Elle permettra d’apporter des indicateurs sur la santé mentale des enfants et d’orienter les pouvoirs publics dans la mise en œuvre de stratégies de prévention.
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30 novembre - 3 décembre, Lille : Congrès français de psychiatrie 2022
Cette année, le Congrès Français de Psychiatrie aura comme thématique principale "Transmettre". Le programme préliminaire est disponible ici. Le CFP, ce sont :
– 6 conférences, 17 Rencontres avec l’Expert, 11 Débats, 29 Sessions Thématiques, 17 Sessions du Forum des Associations
– la 5e Journée de l’ACCompagnement et de l’action médico-sociale (JACC) le mercredi 30 novembre, En savoir plus …
– la 5e Journée Sciences Infirmières et Recherche Paramédicale (JSIRP) le mercredi 30 novembre, En savoir plus…
– les 7e Journées de la Psychiatrie de la Personne Âgée (JPPA) vendredi 2 et samedi 3 décembre, En savoir plus …
Dates limites de soumission pour les posters : mercredi 31 août 2022.

Ukraine : la Commission européenne alloue 9 millions d'euros d’aide pour la santé mentale des réfugiés ukrainiens La Commission européenne a mobilisé 9 millions d'euros auprès de EU4Health, Programme d'aide aux personnes fuyant l'Ukraine ayant un besoin urgent de services de santé mentale et de soutien suite à un traumatisme. Ce financement supplémentaire de l'UE permettra à la Croix-Rouge et aux organisations non gouvernementales d'aider les professionnels de la santé à mener à bien leur travail. Il fournira également aux réfugiés, dans leur langue, des services de santé mentale sous la forme de premiers secours psychologiques, de soutien face aux traumatismes psychologiques et de conseils. Le site internet du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies propose également une formation et des modules d'apprentissage en ligne sur la migration et la santé, disponibles dans les 24 langues de l'UE. Plus d'informations sont disponibles en ligne sur les soins de santé pour les personnes déplacées d'Ukraine

Countdown Global Mental Health 2030 : comparer les indicateurs en santé mentale par pays
Countdown Global Mental Health 2030 est le premier mécanisme indépendant de suivi et de responsabilisation qui utilise un ensemble large et intégré d'indicateurs pour suivre les progrès en matière de santé mentale. Développé par United for Global Mental Health en partenariat avec l'OMS, l'UNICEF, GlobalMentalHealth@Harvard, Global Mental Health Peer Network et The Lancet, ce tableau de bord gratuit et interactif permet aux utilisateurs de rechercher des données sur la santé mentale par pays à l'aide d'une série d'indicateurs, combinés à un rapport de suivi annuel sur ce que montrent les dernières données. Il a été développé pour éclairer l'action : action pour faire campagne, défendre, communiquer et changer les politiques et les pratiques afin que chacun, partout, puisse exercer son droit au niveau de santé mentale le plus élevé possible. Une carte interactive permet d’afficher 53 indicateurs sur la mappemonde. Un tableau de données permet ensuite de comparer les pays par indicateur.
A découvrir ici (en anglais).

Intégration des interventions de santé mentale à celles liées à la prise en charge du VIH
Cette publication conjointe de l'ONUSIDA et de l'OMS souligne l'importance d'intégrer les services de prévention, de dépistage, de traitement et de soins du VIH et de santé mentale pour les personnes vivant avec le VIH. Elle fournit une compilation d'outils, de bonnes pratiques, de recommandations et de lignes directrices qui facilitent l'intégration des interventions et des services pour traiter les problèmes interdépendants de la santé mentale et du VIH.
A découvrir ici (en anglais)

Créer des espaces urbains favorables à la promotion de la santé mentale, notamment des personnes âgées : l’expérience d’Udine
Le réseau Healthy Cities Network de l’OMS réunit ses membres chaque mois pour des webinaires thématiques qui présentent les recommandations de l'OMS sur des sujets de santé, tout en encourageant les villes à partager les meilleures pratiques. Lors d'un récent webinaire sur la santé mentale organisé par le réseau, l’expérience de la ville Italienne d’Udine a été présentée. La Ville organise des cours de littératie en santé, qui ont appris aux personnes âgées à utiliser des plateformes multimédias et des outils technologiques pour trouver de manière autonome des informations, telles que les mesures de prévention des infections et les exigences de santé publique liées au COVID-19. Elle agit aussi sur les espaces urbains, qui se veulent humains, par exemple en faisant en sorte que les espaces verts soient accessibles aux personnes âgées et leur permettent d'en profiter, grâce à des cours de peinture en plein air dans des parcs ou des activités de jardinage urbain, qui facilitent à la fois les rencontres intergénérationnelles et l'exercice physique. Le jeu est également utilisé, pour sensibiliser aux modes de vie sains, promouvoir l'inclusion, impliquer les personnes âgées dans la communauté et aider à développer une meilleure communication entre parents et enfants. À Udine, divers groupes de personnes âgéesse réunissent ainsi chaque semaine dans des bibliothèques pour jouer ensemble, et il existe également une « bibliothèque de jeux » où tout le monde peut jouer gratuitement.
En savoir plus sur le site de l’OMS Euro (en anglais).


Retrouvez les 10 précédentes éditions de la Newsletter du GCS ici.

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La Lettre du Groupement de coopération sanitaire pour la recherche et la formation en santé mentale est éditée par le Centre collaborateur de l'OMS (CCOMS), service de l’EPSM Lille métropole. Le GCS a pour objet la recherche, la formation et la mise en œuvre d’actions visant le développement de dispositifs de santé mentale intégrés dans la cité, incluant la prévention et l’insertion des publics souffrant de troubles mentaux. Le Groupement œuvre à la promotion des échanges professionnels et à toute action de lutte contre la stigmatisation en santé mentale et en psychiatrie. Il favorise et soutient la participation des représentants des usagers, des familles et des aidants. Le GCS, dont le conseil scientifique est celui du CCOMS de Lille, relaie les recommandations de l’OMS au niveau national et localement.

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