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Dr Nicolas Rainteau, Praticien Hospitalier, Centre Jean Minvielle, CHU de Montpellier

Centre Minvielle : un accompagnement vers le rétablissement personnel

Pouvez-vous nous présenter le Centre Jean Minvielle ?
"Le Centre de Rétablissement et de Réhabilitation Jean Minvielle est une structure dédiée à la réhabilitation psychosociale de jeunes présentant des troubles schizophréniques débutants. Historiquement, ce Centre était un hôpital de jour. Sa transformation a débuté en 2017 lorsque j’en ai pris la direction, pour en faire, à moyens constants, un centre orienté vers le rétablissement et la réhabilitation. Le public accueilli a entre 16 et 40 ans. Notre approche n’est pas réservée à cette tranche d’âge ou cette pathologie, mais nous nous inscrivons dans un contexte, à Montpellier, où la psychiatrie est plutôt organisée par âge ou par maladie. A part avoir un diagnostic de schizophrénie de moins de 10 ans et la volonté de la personne, il n’y a pas de condition d’entrée dans le dispositif. Un tiers des personnes suivies arrivent d’ailleurs chez nous directement, sans orientation d’un service ou d’un praticien. En continu, nous accompagnons 140 usagers, avec l’effectif suivant : 8 case-manageurs (infirmiers de formation), 1 assistant social, 1 job coach à mi-temps, 1 médiatrice de santé pair, 1.5 psychologue, 1 mi-temps de neuro-psychologue, 1 interne, et moi-même, sachant que le psychiatre n’a pas du tout une position centrale dans notre fonctionnement, puisque je ne suis pas le psychiatre traitant de tous les usagers. Le premier rendez-vous est donné dans la semaine. Le taux de ré-hospitalisation sur le centre est un peu inférieur à 7%. Nous n’avons pas de liste d’attente et les personnes sont rarement suivie au-delà d’un an. En moyenne, les projets emploi et logement (qui constituent une part importante des demandes) trouvent une issue favorable en 3-5 mois. Nous disposons d’ailleurs d’un appartement-test où les personnes peuvent faire un essai de logement autonome durant 15 jours."

Quel est le rôle du case-manageur ?
"Les case-manageurs sont tout d’abord garants de la collaboration avec l’usager, c’est-à-dire qu’ils doivent accompagner leurs demandes, sans les dénaturer, en respectant leur temporalité et en s’appuyant sur les compétences de la personne. Ils coordonnent ensuite l’ensemble des acteurs qui gravitent autour d’elle, en lien, le cas échéant, avec les proches, le psychiatre, le CMP, le curateur, etc. Cette coordination implique des échanges avec chacun, à la fois pour rendre l’accompagnement cohérent et aussi pour expliquer et rassurer quant au projet en cours. Notre philosophie est de ne jamais dire que c’est impossible ou que ce n’est pas notre travail. Nous ne présageons pas de ce qui fonctionne ou pas. Nous accompagnons les personnes dans leur globalité. Les case-manageurs sont donc progressivement devenus des « experts en réseau ». Ils ne doivent pas tout faire, mais doivent connaître toutes les ressources du territoire et être au courant des actions entreprises par les collègues du Centre. Cela s’est fait progressivement, car vous comprenez que le périmètre de leur intervention est plus large que celui d’un infirmier traditionnel. Puisque nous sommes centre support, les case-manageurs aident également les professionnels des structures partenaires en proposant de la formation. Ils font aussi de la communication grand public et œuvrent ainsi à la destigmatisation, pour que les usagers aient les mêmes chances de s’insérer que les autres personnes."

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
"Lorsqu’à la fin de mon internat on m’a proposé la direction de ce Centre, je l’ai entièrement réorganisé en deux ans. Beaucoup d’infirmiers sont partis, après avoir néanmoins essayé de travailler de cette façon. Je voudrais souligner ici l’importance majeure du cadre dans ces circonstances, pour l’accompagnement du changement et l’accompagnement sain des professionnels qui ne se retrouve pas dans ce type de projet, ce qui est leur droit le plus strict. Passer d’un rôle d’infirmier à case manageur n’est pas neutre. Cela pose la question de la responsabilité, qui est moins diluée dans ce type d’organisation. Au départ, les infirmiers ne se sentent pas compétents, puis ils réapprennent cette dualité dans la collaboration avec l’usager, qui impose de prendre des décisions qui impactent des vies ou de prendre la parole devant des personnes très différentes hors des structures de soins, ce qui peut en inquiéter certains. Cette relation, plus horizontale, nécessite davantage d’investissement personnel pour les professionnels. Moyennant quoi, le travail est intéressant, a du sens. Je note d’ailleurs que n’avons pas de problème pour recruter, ce qui est dû à la pratique et aussi à d’autres actions. Nous effectuons ainsi un pré-repérage des jeunes infirmiers, par les stages, par des immersions, et en étant proactifs, par exemple en donnant cours dans les IFSI. Notre cadre les reçoit, en début de parcours, pour imaginer leur trajectoire professionnelle, ce qui nous permet d’avoir des CV en attente lorsqu’un poste se libère.
Une autre contrainte se situe au niveau du recrutement des nouveaux métiers (job coach, médiateur de santé pair…) et de leur intégration pérenne à l’emploi public, leur évolution professionnelle… Difficulté que nous ne sommes pas les seuls à rencontrer !
Enfin, ce type d’initiative peut difficilement être créée ex-nihilo, il s’agit plutôt de transformation. Dans notre cas, pour transformer l’hôpital de jour, il a fallu l’accord de l’ARS, un travail avec la direction de pôle et le DIM, pour créer une UF de cotation des actes ambulatoire en remplacement de l’UF des actes de l’hôpital de jour que l’on utilise plus. Nous avons ainsi réduit le nombre de places hôpital de jour (de 14 à 1), mais on ne nous reproche plus de ne pas effectuer une activité cotée."

Que répondez-vous à la critique "Ce n’est pas le travail de la psychiatrie ?"
"Je considère que la réhabilitation psychosociale est une boîte à outils dans laquelle on met tout ce qui peut aider la personne. Je la distingue du rétablissement personnel, dont la définition est propre à l’usager (c’est pourquoi j’ai intitulé mon livre Soyez réhab et pas Soyez rétab*). Aujourd’hui, en France, dans la grande majorité des cas, on fait de la réhabilitation psychosociale au service du rétablissement médical, avec des critères d’entrée dans le dispositif, une lettre du psychiatre, un temps d’attente, un bilan neuro-psychologique obligatoire pour tous… A Minvielle, on essaye de favoriser le rétablissement personnel. La seule échelle que nous utilisons est la CASIG pour aider à récolter la demande de la personne et à construire un Plan d’intervention personnalisé. Je suis bien sûr pour les outils validés, et je ne manque pas de les utiliser, mais seulement lorsque c’est en lien avec la demande et le projet de la personne. Par exemple, je sais que l’ETP fonctionne, mais de fait, cela fait 2,5 ans que personne ne s’inscrit à ce groupe à Minvielle, contrairement au groupe sur les habilités sociales qui est toujours complet.
J’estime que le rétablissement médical ne représente qu’un dixième du travail à faire. Face à la maladie psychique, on voit bien que çà ne fonctionne pas lorsque chacun, le médico-social, le social, le médical, reste dans son pré carré. Quand bien même les professionnels font preuve de bonne volonté et ont un savoir-faire. L’usager n’a que faire des domaines de compétence des uns et des autres, ce qui l’intéresse, ce sont ses projets. Aucun acteur ne peut tout faire aujourd’hui, donc, on doit se coordonner. Les seules limites à cela sont l’envie de faire un pas de côté et l’environnement dans lequel on travaille. Il faut surtout bien écouter pour comprendre ce qui sera aidant pour la personne. C’est la psychiatrie que je défends. Celle d’une réhabilitation innovante, qui n’est pas opposée au secteur.
Là où nous en sommes aujourd’hui sur la réhabilitation psychosociale, je pense qu’il est temps d’aller plus loin en prenant cette direction."

*Soyez réhab - Guide pratique de réhabilitation psychosociale - Nicolas Rainteau - Elsevier Masson - 11/2022

Santé mentale périnatale : les réalisations françaises présentées au Copil final du projet PATH
Le CCOMS a organisé, le 2 février dernier à Lille, le dernier comité de pilotage (Copil) du projet européen PATH - Perinatal mental health, qui a permis de présenter les futures réalisations françaises issues de ce projet. Celles-ci seront progressivement accessibles dans les semaines qui suivent. Après l’introduction du Copil par le Dr Nathalie Léone, coordinatrice scientifique du projet PATH-France, Céline Loubières du PSYCOM, a tout d’abord présenté la brochure "Santé mentale, grossesse et parentalité", co-rédigée par le CCOMS et le PSYCOM. Elle propose, entre autres, des informations sur la découverte de la parentalité, la santé mentale et les troubles psychiques périnatals, les aides disponibles, ou encore le rôle de l’entourage. Laure Garancher (The Ink Link) a ensuite présenté un livret qui réunit trois bandes dessinées visant à sensibiliser les pères/coparents aux enjeux de la santé mentale en période périnatale, fruit d’une collaboration avec le CCOMS et le Psycom. Le podcast PATH, composé de dix épisodes de 30 minutes chacun, a quant à lui été présenté par Elise Bultez, du Studio Caféine. Ceux-ci visent à sensibiliser les familles et les employeurs aux troubles psychiques en période périnatale ; à explorer les enjeux concernant la transition vers la parentalité, la santé mentale des futurs etnouveaux parents et l’emploi ; et enfin à identifier des dispositifs inspirants en termes de conciliation vie familiale et professionnelle et d’égalité H/F au sein d’entreprises publiques et privées. Aya Ben Nefissa, de Pédagogie Numérique en Santé, a pour sa part présenté le MOOC "Santé mentale périnatale : au cours des 1000 premiers jours", riche de 45 cours en vidéo, destinés aux professionnels de santé ou sociaux de première ligne, amenés à accompagner les futurs et nouveaux parents dans le parcours en périnatalité mais peu, voire pas formés aux spécificités de la prise en charge sur les aspects psychiques. Enfin, Timothy Devlin, de la Bournemouth University, a montré comment la réalité virtuelle pouvait être un support de formation en santé mentale, casque de VR à l'appui.

Santé mentale dans mon quartier : bilan et rapport d’activité
Initiée en 2020 par le Centre national de ressource et d’appui aux conseils locaux de santé mentale, porté par le CCOMS, l’action "La santé mentale dans mon quartier a été pensée et construite par un collectif d’acteur·rices afin de répondre àdes constats et besoins exprimés par les coordonnateurs·rices des CLSM lors de l’épidémie de Covid-19. Ce projet a pour objectif général de renforcer l’implication des acteurs clés des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) dans le développement d’une stratégie locale sur la santé mentale, en : Sensibilisant à la reconnaissance de la santé mentale comme étant une problématique multidimensionnelle ;Encourageant l’implication des acteurs clés des QPV dans une démarche d’attention et de prendre soin (care) ; Favorisant le décloisonnement et l’interconnaissance des acteurs clés des QPV. Sous la forme d’une animation de sensibilisation de 3 h réalisée au sein du quartier, l’action propose une espace d’échange et de réflexion sur la santé mentale à destination de tous les acteurs-clés : habitant·e·s, élu·e·s, personnes concernées par un trouble psychique, aidant·e·s, professionnel·lles du soin, de la prévention, du travail social, de la solidarité, du logement, de l’éducation, de l’animation, du loisir, du sport, de la vie économique, etc. Soutenue financièrement par l’Agence nationale de la cohésion des territoires et la Direction générale de la santé, et portée localement par les CLSM, "La santé mentale dans mon quartier" est déployée sur l’ensemble du territoire national depuis mars 2022. Fin 2022, 104 séances de sensibilisation ont été réalisées auprès de 1 373 participants.
Lire le rapport détaillé ici.

Repenser les actions de la Ville au prisme de la santé mentale
Le Réseau français Villes-Santé a publié la note "Repenser les actions de la ville au prisme de la santé mentale" co-rédigée avec la Ville de Poitiers et la Ville de Lille. Cette note est issue des réflexions et des échanges du groupe de réflexion national "Villes & Santé mentale en temps de crise sanitaire' et a pour objectifs" : de définir les contours d’une approche globale en santé mentale prenant en compte ses nombreux déterminants ; de présenter les différents leviers des Villes et intercommunalités pour promouvoir la santé mentale des habitants ; d'identifier et de valoriser les compétences et actions des Villes qui exercent une influence directe ou indirecte sur la santé mentale. Ce document est un outil de plaidoyer vers une approche de "santé mentale dans toutes les politiques" pour améliorer la prise de conscience et la reconnaissance du rôle de l’ensemble des élus et services de la Ville en faveur de la santé mentale.
A lire ici.

La CNSA publie un guide sur l'évolution de la PCH au 1er janvier 2023
La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a publié un guide pour détailler la mise en œuvre de l'adaptation de la prestation de compensation du handicap (PCH) à destination des équipes pluridisciplinaires des maisons départementales des personnes handicapées. Il pourra toutefois fortement intéresser à la fois les personnes concernées par un trouble de santé mentale et les professionnels qui accompagnent leurs parcours de soins. En effet, le décret du 19 avril 2022, qui vise à élargir l’accès à la PCH aux personnes ayant une altération de fonctions mentales, psychiques, cognitives ou avec un TND, a créé un nouveau domaine d'aide humaine, le "soutien à l'autonomie", à partir du 1er janvier 2023. Cette réforme marque une avancée majeure pour ces personnes et leurs familles en élargissant les critères d’éligibilité générale à la PCH et d’éligibilité à la PCH aide humaine, ainsi que les possibilités de réponse à leurs besoins, avec la création du nouveau domaine d’aide humaine, le "soutien à l’autonomie", qui permet d’aller au-delà du soutien aux "actes essentiels de la vie courante" pour répondre aux besoins spécifiques d’assistance aux personnes présentant un handicap lié à des altérations de fonctions mentales. La CNSA précise : "La notion de soutien à l’autonomie s’entend comme l’accompagnement d’une personne dans l’exercice de l’autonomie dans le respect de ses aspirations personnelles. Ce soutien compense le manque d’autonomie et les restrictions de participation sociale et accompagne la personne à développer son pouvoir d’agir, à gagner en autonomie. L’accompagnement d’une personne dont le handicap est lié à des altérations de fonctions mentales, cognitives, psychiques dans l’exercice de l’autonomie ne concerne pas seulement la réalisation des gestes essentiels de la vie quotidienne tels que définis dans les activités (se laver, éliminer, manger et boire, s’habiller, se déplacer dans le logement). C’est aussi l’accompagner pour l’acquisition de compétences, l’apprentissage de l’autonomie dans les actions nécessaires pour vivre dans un logement, donc pour toutes les activités de la vie domestique et de la vie courante sur son lieu de vie, pour se déplacer, pour avoir des relations avec autrui, pour la participation sociale."
A télécharger ici.

Appel à projets de la Fondation de France - Humanisation des soins : accueillir et accompagner dans les lieux de soins
Dans le cadre de cet appel à projets, auquel peuvent répondre les associations et les structures de soins à but non lucratif, la Fondation de France examinera les projets permettant de : favoriser un accueil et un accompagnement adaptés des personnes reçues, avec une attention particulière pour les situations d’interculturalité, de vulnérabilité et de précarité ; soutenir des soignants confrontés à des situations difficiles : surcharge de travail, nouvelles organisations, refus de soins, annonces de maladies graves, violences, etc. ; soutenir les patients développant des projets permettant de reconnaitre et promouvoir leurs savoirs expérientiels. Les initiatives concernées peuvent porter sur des projets de formations, des projets de soutien aux équipes soignantes, des projets autour de la médiation, l’interprétariat, des projets d’accueil des patients et des proches, co-construction de projets de soin (proches, soignants, soignés) ; des projets d’associations de patients et de représentants des usagers permettant de partager, de faire reconnaitre leur expertise de la maladie et du parcours de santé, et de développer la culture du partenariat en santé.
Dépôt des projets : jusqu'au 29 mars 2023 avant 17h.
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Appel à projets de recherche sur les substances psychoactives et les comportements avec pouvoir addictif
Ce nouvel appel à projets de recherche IReSP/INCa vise à soutenir la recherche et la production de connaissances, en priorité sur le tabac, l’alcool et le cannabis, identifiés notamment comme facteurs de risques avérés de cancers, mais aussi sur les autres substances psychoactives ainsi que sur les poly-consommations. Concernant les recherches portant sur les usages et addictions sans substances, la priorité est donnée aux jeux de hasard et d’argent, ainsi qu’aux jeux vidéo, faisant l’objet d’un consensus scientifique, mais aussi aux autres comportements encore peu documentés.
Date butoir de soumission : 6 mars 2023.
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5 & 6 Juin 2023, Pau : Journées Nationales Santé Mentale France
Les prochaines journées de Santé Mentale France auront pour thème "Repenser les institutions à l'heure du rétablissement". Comment intégrer rétablissement et inclusion des personnes dans nos pratiques ? Quelles conséquences pour les institutions et les réseaux ?
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Prévalence des épisodes dépressifs en France chez les 18-85 ans : résultats du Baromètre santé 2021
En 2021, 12,5% des personnes âgées de 18-85 ans auraient vécu un épisode dépressif caractérisé (EDC) au cours des 12 derniers mois. Chez les 18-75 ans, la prévalence a augmenté de 3,5 points, passant de 9,8% à 13,3%, sur la période 2017-2021. Cette augmentation concerne tous les segments de population analysés. La progression la plus importante a été observée chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec une hausse de 9 points entre 2017 (11,7%) et 2021 (20,8%). En 2021, les 18-24 ans, les femmes, les personnes vivant seules et les familles monoparentales, tout comme celles qui ne se déclaraient pas à l’aise financièrement, au chômage, et celles indiquant que la Covid-19 avait eu un impact négatif sur leur moral, avaient un risque d’EDC plus élevé. La prévalence des épisodes dépressifs a augmenté en France. La tendance, déjà amorcée depuis 2010, a connu une accélération sans précédent entre 2017 et 2021, en particulier chez les jeunes adultes. Le stress causé par la maladie de la Covid-19 et les restrictions imposées pour la contrôler apparaît comme l’une des principales hypothèses explicatives de cette hausse.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°2.

Impact de l’épidémie de COVID-19 sur la santé mentale des travailleurs et leurs comportements addictifs pendant le confinement
Santé publique France a publié le 19 janvier une synthèse des résultats de trois enquêtes réalisées en 2020 visant à estimer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les troubles anxio-dépressifs, la consommation d’alcool et de tabac parmi les travailleurs. Ces trois enquêtes sont : l’enquête Coviprev ; l’enquête Coset-Covid ; l’enquête sur l’évolution des conditions de travail et consommation de substances psychoactives en période d'épidémie.
A lire ici.

Défauts méthodologiques et de qualité dans l'utilisation de l'intelligence artificielle dans la recherche en santé mentale
Les résultats d’une méta-analyse récente* menée par l’OMS/Europe et l’Université polytechnique de Valence (Espagne) ont été présentés lors d’un événement organisé par l’OMS Europe le 7 décembre 2022, "Big data analytics and AI in mental health". Ils montrent un déséquilibre entre pathologies dans l’utilisation des applications d’intelligence artificielle dans la recherche en santé mentale, les troubles dépressifs y étant surreprésentés. L’étude a également mis en évidence des lacunes importantes dans le traitement des statistiques par les applications d’IA, ainsi que la validation peu fréquente des données et la faible évaluation du risque de partialité. Elle a en outre soulevé d’autres problèmes comme le manque de transparence des rapports sur les modèles d’IA, ce qui nuit à leur reproductibilité. Les données et les modèles sont rarement partagés, les chercheurs peu enclins à collaborer. Si on connait déjà les problèmes liés à l’exclusion ou "l’alphabétisation" numériques, cette étude permet d’entrevoir les nouveaux enjeux à venir liés à l’adaptation de la recherche et des systèmes de soins de santé à l’IA, en particulier l’importance de faire participer les personnes vivant avec des troubles de santé mentale dès la conception de ces nouveaux outils.
* Methodological and Quality Flaws in the Use of Artificial Intelligence in Mental Health Research: Systematic Review - JMIR Mental Health·- February 2023

Transformation des services aux personnes handicapées : rapport du Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées de l’ONU
Dans son rapport, le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées rend compte des activités qu’il a menées en 2022 et examine comment repenser les services aux personnes en situation de handicap et les faire entrer dans le XXIe siècle afin qu’elles exercent effectivement leur droit de vivre de façon autonome et de faire partie de la société. Dans une étude thématique, le Rapporteur spécial montre que, souvent, les modèles traditionnels de services maintiennent les personnes en situation de handicap dans une situation de dépendance et de manque d’autonomie, en se centrant sur leurs déficiences et en les cantonnant au rôle passif de bénéficiaires de soins. Cette façon de voir est contraire à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui prône la reconnaissance de la qualité de personne, l’autonomie et l’inclusion sociale. Dans ce contexte, une toute nouvelle philosophie des services aux personnes en situation de handicap est en train de faire son apparition, mais elle doit encore être définie clairement en droit et en pratique. Le Rapporteur spécial passe en revue les différents moyens d’action dont les États disposent à cet effet, tout en recensant les obstacles, et montre que le secteur privé pourrait être un acteur du changement. Il expose ensuite ses conclusions et formule des recommandations sur la manière dont les différentes parties prenantes devraient contribuer à la transformation des services aux personnes en situation de handicap.
A lire en français ici.

Australie : 8.5 millions de Dollars pour faciliter la participation des personnes concernées par les troubles de la santé mentale à la construction des politiques les intéressant
Le gouvernement australien va investir 8,5 millions de Dollars pour aider les personnes ayant une expérience vécue de la santé mentale à façonner les politiques et les programmes qui les concernent. Mark Butler, Ministre australien de la santé et des soins aux personnes âgées, détaille la mesure dans un communiqué : 7,5 M$ permettront de créer deux organismes nationaux indépendants sur le thème de l’expérience vécue en santé mentale - l'un représentant les usagers et l'autre représentant les soignants, les familles et les proches ; Lived Experience Australia recevra 900 000 $ pour poursuivre son travail de recherche sur l'expérience vécue et renforcer les capacités des usagers et des soignants ; enfin, 100 000 $ permettront d'établir un forum régulier des intervenants pour accroître la transparence, la responsabilisation et les partenariat.
Lire le communiqué (en anglais).






Retrouvez les 10 précédentes éditions de la Lettre du GCS ici.

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La Lettre du Groupement de coopération sanitaire pour la recherche et la formation en santé mentale est éditée par le Centre collaborateur de l'OMS (CCOMS), service de l’EPSM Lille métropole. Le GCS a pour objet la recherche, la formation et la mise en œuvre d’actions visant le développement de dispositifs de santé mentale intégrés dans la cité, incluant la prévention et l’insertion des publics souffrant de troubles mentaux. Le Groupement œuvre à la promotion des échanges professionnels et à toute action de lutte contre la stigmatisation en santé mentale et en psychiatrie. Il favorise et soutient la participation des représentants des usagers, des familles et des aidants. Le GCS, dont le conseil scientifique est celui du CCOMS de Lille, relaie les recommandations de l’OMS au niveau national et localement.

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