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Charlotte Marchandise, Présidente du Réseau français des Villes de l’OMS, adjointe au maire de Rennes

"Faire sortir la santé mentale de l’entre-nous"

Vous présidez le réseau français des Villes OMS : quelles sont les missions de ce réseau ?
Depuis 30 ans, l’association a pour but de soutenir et développer le Réseau français des Villes-Santé, en référence aux objectifs du programme européen Villes-Santé de l’Organisation Mondiale de la Santé, et de permettre une coopération entre ces villes. Cela passe notamment par des échanges d’expériences et de données, des rencontres, des actions communes… Le réseau compte à ce jour 96 villes, chacune représentée chez nous par un élu et un technicien. C’est un chiffre en augmentation, ce qui est une bonne nouvelle, compte tenu de la baisse massive des dotations de l’Etat aux collectivités locales ces dernières années et alors que la santé n’est pas une compétence obligatoire des Villes. Notre priorité est d’inciter à agir en santé à travers toutes les politiques publiques et à tous les échelons du territoire. Vouloir une société en bonne santé nécessite d’agir conjointement dans de multiples domaines, qu’il s’agisse des transports, de l’habitat ou de la cohésion sociale, et de construire des réponses avec les acteurs et les habitants du territoire.

Quelle place donnez-vous à la santé mentale dans vos thématiques de travail ?
La question de la santé mentale est mobilisatrice auprès de nos membres. Autant les questions de santé peuvent parfois être éludées par certains élus, autant la question de la santé mentale s’impose de fait à eux car les tutelles, l’hôpital, les bailleurs sociaux, les soignants… in fine se tournent tous vers le maire étant donnés ses différents pouvoirs de police, de sécurité, d’hygiène et de salubrité, lorsqu’ils ne savent plus trop comment faire face à une situation. C’est donc un thème qui fait que ce réseau a du sens pour les élus aujourd’hui, avec les questions de santé-environnement également.

A l’occasion de la journée nationale des CLSM, votre réseau et l’association ESPT ont signé une Déclaration commune "Pour la promotion de la santé mentale" (à télécharger ici). Pouvez-vous nous en dire un mot. 
Nous sommes très contents de faire des alliances sur ces sujets : on ne peut pas continuer à bidouiller chacun de son côté. Par exemple, les coordonnateurs de CLSM en CDI (comme à Rennes) sont encore trop rares. Cela pose question. Nous sommes incités à créer des CLSM sans avoir les moyens de les porter. Cette déclaration insiste sur l’importance de monter en niveau et de reconnaître la place des villes sur ces sujets. Il y a aussi la déclaration des coordonnateurs de CLSM (
voir la vidéo de leur intervention lors de la journée nationale ici) qui dit aussi qu’il faut aller plus loin. D’autre part, en lien avec les associations, nous défendons également la création d’un statut pour tous ces usagers, médiateurs pairs, patients-experts, que l’on cite beaucoup, avec qui on travaille, mais dont la participation ne s’inscrit pas dans la durée. Si on n'institutionnalise pas ces bonnes pratiques de participation qui partent souvent du pouvoir de convocation des maires, alors on est toujours très dépendants des volontés politiques. Nous arrivons en fin de mandat, que va-t-il se passer pour toutes ces personnes ? A Rennes, j’ai la chance que le coordonnateur soit inscrit dans l’organigramme, mais ce n’est pas le cas partout. Notre enjeu en tant que réseau est de faire en sorte que nos innovations soient reconnues et s’inscrivent dans la durée. Cela passe par un plaidoyer national.

Comment faire pour que les nouveaux élus intègrent la santé mentale à leurs politiques ?
C’est pour cela qu’on a besoin des villes : quand on a des réseaux spécialisés, chacun va sur sa spécialité. Notre réseau envisage la santé dans sa dimension globale. Lorsque je négocie un Plan ou un Contrat local de santé, j’y intègre systématiquement la santé mentale, on ne peut pas faire l’impasse ! Il faut faire savoir que cela fonctionne. C’est pour cela qu’on essaie de travailler des recherches-actions avec des Universités afin de valider ce que l’on fait. Nous devons acquérir la culture de l’évaluation de nos politiques publiques et l’appliquer à nos actions en santé mentale. Les usagers ou les politiques restent souvent dans leur posture : au Réseau des villes-OMS, on essaye de mettre en avant ce que l’OMS appelle des "champions", pour valoriser les réussites.
Il faut que la santé mentale sorte de "l’entre-nous". Nous devons saisir toutes les occasions d’en parler et sensibiliser de plus en plus largement pour briser les silos dans une logique de destigmatisation, y compris dans les lieux où l’on en parle pas actuellement. On peut par exemple saisir l’occasion d’un débat sur la rénovation urbaine des quartiers, ou encore une discussion à l’ARS où les fonctionnements sont parfois aussi en tuyaux d’orgues. 

Retour sur le Conseil scientifique commun CCOMS/GCS
Le dernier conseil scientifique, organisé le 20 novembre au CH Sainte-Anne à Paris, a réuni des représentants de ministères, d’hôpitaux, d’Universités, de familles,des chercheurs, usagers ou encore médiateurs de santé pairs. La réunion a débuté par un retour sur la Masterclass CCOMS/PSYCOM de fin août (voir notre précédente édition). L’analyse lexicale de 150 mémoires des étudiants du DIU santé mentale dans la communauté et les résultats de l’étude menée auprès des anciens étudiants reflètent l'évolution de la psychiatrie depuis 10 ans, d'abord avec le développement des équipes mobiles au début des années 2010, puis avec une psychiatrie qui travaille de plus en plus en lien avec ses partenaires, en particulier via les CLSM. Le concept de rétablissement, la nécessité de promouvoir la citoyenneté et le respect des droits de l'homme en psychiatrie font leur apparition plus récemment, tout comme la participation des usagers. On note enfin que les diplômés du DIU déclarent qu’il a influencé leur parcours professionnel et qu’il a eu un impact sur leurs actions de terrain. Le travail mené en ateliers durant la Masterclass corrobore ces constats.
MSP
Après un bilan de la journée nationale des CLSM du 15 novembre (voir ci-dessous), l’état des lieux du programme "Médiateurs de santé pair" (voir Lettre n°45) aura permis de préciser que 28 des 33 postes de la nouvelle promotion ayant intégré l’enseignement en licence à Paris 13 en septembre (une semaine par mois jusqu’en avril, en alternance avec leur travail dans les services) ont bénéficié de subventions par les ARS et que, par ailleurs, une page Facebook a récemment été lancée afin dedonner une meilleure visibilité au programme.
Risques psychosociaux des professionnels de la psychiatrie
Le GCS a récemment obtenu un financement de l’appel à projets de recherche de la DARES/DREES "Santé mentale, expériences du travail, du chômage et de la précarité" pour le projet "RPSY – État des lieux de la santé mentale au travail des soignants en psychiatrie, facteurs associés et préconisations". Partant du constat que les services de psychiatrie sont parmi les services de soins les plus exposés aux risques psychosociaux dans un contexte de mue organisationnelle et politique importante, cette recherche propose de connaître l’état de la qualité de vie au travail des professionnels du secteur et d’en explorer les facteurs associés. Ce projet vise notamment à évaluer les liens entre les pratiques de soins et la qualité de vie professionnelle. Cela afin d’identifier avec les professionnels de terrain les évolutions nécessaires pour favoriser à la fois le bien-être au travail des professionnels et la qualité des soins pour les usagers des services, aux niveaux local et national. Une étude pilote est en cours à la Fondation Bonsauveur de la Manche et plusieurs autres établissements du GCS ont montré un intérêt pour cette recherche : CH de Rouffach, Sainte-Marie (Nice), EPSM Lille métropole, Guillaume Régnier (Rennes), Edouard Toulouse (Marseille), Saint Maurice (Paris) et EPS Barthelemy Durand (Etampes). Un appel à participation est lancé auprès des établissements du GCS pour participer à ce projet qui permet aux établissements participant d’obtenir le soutien de l’équipe de recherche dans leur diagnostic de qualité de vie au travail.
TABAPSY
Alors que la consommation de tabac baisse en population générale, elle ne diminue que peu en psychiatrie. Partant de ce constat, TABAPSY est une recherche interventionnelle menée par l’INSERM, le GCS et le CHU d’Amiens. Ce projet propose de définir et d’évaluer, avec les personnes concernées, une intervention pour la réduction du tabagisme de la file active adulte des secteurs de psychiatrie participant. Cela afin de produire des préconisations sur l’opportunité et les conditions de son déploiement à l’échelle nationale, basées sur données probantes. Des entretiens d’experts ont d’ores et déjà été réalisés, la revue de littérature est aboutie et le recrutement des établissements participants touche à sa fin. Les derniers secteurs souhaitant s’inscrire dans cette recherche sont invités à se manifester auprès de jhazo@epsm-lm.fr ou frederic.ketterer@inserm.fr. La réunion de lancement de la recherche se déroulera le 17 janvier à Paris.
Savoirs expérientiels
Un projet de recherche autour des savoirs expérientiels a ensuite été discuté. L’idée est de construire, avec les acteurs de ces savoirs, une journée nationale de travail et d’échange afin d’arriver à des propositions pour que ces savoirs soient davantage mobilisés et valorisés, en particulier dans les universités.
Schizophrénie
Suite à une réunion de différents partenaires (représentants d’usagers, de familles, la FFP) organisée en mai dernier qui a lancé la réflexion pour un changement de conception et d’appellation de la schizophrénie, cinq groupes de travail ont été définis : revue systématique de la littérature ; proposition de nouveaux termes ; organisation d’une journée nationale ; recherche qualitative ; animation des discussions. Ces groupes se réuniront courant 2020.
International
Concernant les programmes développés avec Expertise France, la mission exploratoire menée au Burkina Faso il y a un an a débouché sur un plan d’action national en santé mentale qui est financé par le ministère des affaires étrangères. Un nouveau déplacement de membres de l’équipe CCOMS est prévu fin janvier 2020. Pour l’Irak, suite au déplacement effectué en juillet, un travail est en cours sur des formations à la prise en charge du psycho-trauma et au QualityRights.
SMPG, E-men…
Après avoir listé les prochains sites de réalisation de l’enquête SMPG (Rennes en avril et La Réunion Ouest en juin) et de restitution de ses résultats (Mayotte, en novembre, voir l’article ici, puis Rouffach), annonce a été faite de la prochaine journée organisée dans le cadre du projet E-men le 6 mars 2020 à Paris sur le thème "E-santé mentale : Formation des acteurs et évaluation des dispositifs". Le nouveau projet européen IT4anxiety, impliquant 12 partenaires de 6 pays et dont le financement a été accepté, démarre quant à lui en janvier 2020 jusqu’en septembre 2023. Il s’agit de renforcer l’utilisation de thérapies mixtes dans la prise en charge de troubles anxieux liés à la maladie d’Alzheimer et au stress post-traumatique. Le CCOMS est en charge de l’axe "identification des besoins" de ce projet.
QualityRights
Côté programme QualityRights, 11 unités ou secteurs ont été visités et 8 nouveaux sites sont prévus en France. A l’international, des formations sont prévues en Belgique, Tunisie et au Liban. Le débat a ensuite porté sur la rédaction d’un document résumant les "Principes d’observation" à destination des équipes d’observateurs du programme.
Enfance, formation
L’après-midi était consacrée à une présentation de la recherche PARPSYCHED (voir Lettre du GCS n°45) et à une réflexion sur le pôle formation du CCOMS : des projets sont en cours avec l’ANFH ou encore avec le MOOC de l’association européenne de psychiatrie.

Journée nationale des CLSM : le live est sur Youtube !
La cinquième Rencontre nationale des Conseils locaux de santé mentale (CLSM) - 22e Journée nationale d'étude de l'association "Elus, santé publique & territoires" (ESPT) s'est déroulée vendredi 15 novembre 2019 à Lille. Près de 200 participants, élus locaux, représentants d’ARS, du ministère de la santé, d’usagers des services de santé mentale ou des familles, ont échangé sur le thème "Les Conseils locaux de santé mentale, 12 ans après : qu'est-ce qui a changé ?". La veille, 50 coordonnateurs de CLSM se sont réunis pour échanger sur leur poste, dont la précarité - assez généralisée - fragilise la démarche CLSM, et réfléchir à un référentiel métier. Leurs représentants ont profité de la journée nationale pour prendre la parole et alerter Franck Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, ainsi que la députée Martine Wonner, tous deux présents, sur les problèmes des coordonnateurs. A l’occasion de cet événement, une nouvelle plaquette de sensibilisation des élus aux Conseils locaux de santé mentale a été diffusée. A voir également : les vidéos de l'intégralité de la journée et l’article publié par La Gazette des communes : Santé mentale : les conseils locaux à la croisée de la territorialisation.

CGLPL : avis sur la prise en charge des personnes détenues atteintes de troubles mentaux
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a publié un avis relatif à la prise en charge des personnes détenues atteintes de troubles mentaux (Journal officiel du 22 novembre 2019). Depuis sa création, le CGLPL a relevé à de nombreuses reprises les carences de la prise en charge de la santé mentale des personnes détenues et leurs lourdes conséquences. Il dresse un constat accablant de cette situation et entend réaffirmer le principe d’une égalité réelle d’accès aux soins et de traitement entre les patients détenus et le reste de la population. Plusieurs recommandations sont formulées dans cet avis : Réaliser une étude épidémiologique pour évaluer la santé mentale des détenus ; Donner à la justice les moyens nécessaires pour identifier les pathologies mentales ; Former le personnel pénitentiaire pour appréhender et gérer la maladie mentale ; Une meilleure coordination UHSA-hôpital-prison, mais aussi avec les services sociaux pour éviter les ruptures de prise en charge à la sortie (voir sur ce thème le rapport OMS ci-après) ; Des conditions de prise en charge des personnes détenues dans les services psychiatriques de proximité qui ne portent pas atteinte à leur dignité (les personnes détenues hospitalisées sans consentement dans les services psychiatriques de proximité sont presque systématiquement placées en chambre d’isolement et quelquefois sous contention, même si leur état clinique ne le justifie pas), etc.

HAS : Violences psychiatriques – Les prévenir dès l’admission
La Haute autorité de santé a récemment publié un point sur la prévention des violences en psychiatrie. En milieu psychiatrique, les échanges entre patients et soignants sont souvent complexes, d’où l’importance particulière accordée au lien qui les unit pour prévenir au maximum les situations à risques. L’article renvoie également à l’ensemble des documents de référence sur ce thème.
A lire ici.

Journée d’étude AdESM – GEPSo : "Santé mentale et parcours des personnes vulnérables"
Dans le cadre de leurs travaux communs, l’AdESM et le Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (GEPSo) organisent, le 16 mars 2020 à Paris, une journée d’étude sur le thème : Santé mentale et parcours des personnes vulnérables : quelles complémentarités et coopérations entre les champs sanitaire, social et médico-social ?
En savoir plus…

Etats Généraux du Rhône : récit d'une démarche participative
Les États Généraux des personnes vivant ou ayant vécu des troubles psychiques ont été organisés les 4 et 5 avril 2019 à Lyon. Ils sont le fruit de huit mois de travail conjoint entre personnes concernées par les troubles psychiques, Coordination 69 Soinspsychiques et Réinsertions, les Conseils locaux de santé mentale de la Métropole de Lyon et l’association AMAHC. Leurs propositions ont été regroupées en 66 préconisations pour améliorer les soins et la vie sociale, réparties en 5 thèmes : Rétablissement et inclusion sociale ; Formation et sensibilisation des acteurs à la santé mentale ; Soins ; Accueil de qualité ; Droit des usagers. Présentée à l’occasion de la dernière journée nationale des CLSM (voir plus haut), la démarche a particulièrement attiré l’attention de l’auditoire, tant la réflexion et la mise en œuvre des conditions de participation tiennent réellement compte des besoins et contraintes des personnes concernées.
Lire le document ici.

 Nouveau rapport de l’OMS : la santé mentale, un problème majeur en prisonUn nouveau rapport du bureau de la zone Europe de l’OMS préconise l’amélioration des systèmes de suivi et de surveillance de la santé en prison dans la région européenne. En effet, alors que les personnes incarcérées continuent de souffrir de façon disproportionnée de problèmes de santé non diagnostiqués et non traités, elles représenteront une charge supplémentaire pour la santé publique après leur libération. Le "Rapport de situation sur la santé en prison dans la Région européenne de l’OMS" contient une analyse des données sur l’état de santé des personnes incarcérées et les systèmes de santé en prison dans 39 des 53 pays de la Région. Il indique que lasanté mentale est un problème majeur, en particulier après la libération, lorsque les détenus sont les plus exposés au risque de suicide, d’automutilation et de surdose de drogue. L'OMS a déclaré que cela signifiait que les soins pendant la phase de transition étaient "critiques". 13,5 % des décès en prison sont dus au suicide, alors que 14% des États de la zone ne font pas de dépistage des troubles graves de santé mentale à leur arrivée en prison. L’OMS recommande qu’à leur arrivée en prison, toutes les personnes soient soumises dès que possible à un dépistage afin de détecter tout signe de problèmes mentaux, et de comportement auto-agressif et suicidaire. Le rapport formule 20 recommandations qui concernent la santé en général mais l’une d’elles concerne directement la santé mentale : "Des directives nationales pour le traitement des troubles mentaux graves dans les prisons devraient être élaborées, mises en œuvre et contrôlées par tous les États membres afin de garantir l'équivalence des soins. Cela devrait inclure l'accès à des services spécialisés en santé mentale et la promotion de la santé mentale pour tous en prison."
Accéder au rapport et à d’autres données ici.

 Facteurs cliniques et sociaux associés à un risque accru d'hospitalisation psychiatrique involontaire : revue systématique, méta-analyse et synthèse narrative
Une récente étude publiée dans le Lancet Psychiatry présente les résultats d'une revue systématique, d'une méta-analyse et d'une synthèse narrative de 77 études menées dans 22 pays, fournissant des données précieuses sur les facteurs de risque de l'hospitalisation psychiatrique non volontaire. Les auteurs identifient qu’une hospitalisation involontaire antérieure et le diagnostic d'un trouble psychotique sont des facteurs associés au plus grand risque d'hospitalisation psychiatrique involontaire. Les personnes présentant ces facteurs de risque constituent donc un groupe cible important pour des interventions préventives, telles que les plans de crise. Le fait de subir une mesure de contrainte peut conduire à un évitement des services de santé mentale et à la mise en place d’un cycle continu d’admissions involontaires. Le recours à l'hospitalisation psychiatrique non volontaire varie considérablement d'un pays à l'autre. Rappelons que la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées recommande de mettre fin au traitement non volontaire, car il constitue une discrimination fondée sur le handicap.
Lire l’article.

 Détecter un trouble de santé mentale avec l’intelligence artificielle ?
Un document de recherche universitaire publié dans le Bulletin sur la schizophrénie expose les promesses et les pièges potentiels de l'IA en psychiatrie. Pour détecter les signes de détresse mentale liés à la parole, des chercheurs ont développé une technologie d'apprentissage automatique capable de déceler très précisément les changements quotidiens de la parole (phrases ne suivant pas un schéma logique, changements de ton ou de rythme, perte de mémoire…) susceptibles de suggérer une difficulté en termes de santé mentale. Via une application, les personnes sont invitées à répondre à une série de questions portant sur leur état émotionnel, puis à raconter une histoire courte, à écouter une histoire et à la répéter, et enfin à passer une série de tests de motricité par toucher et glisser. L'équipe a développé un système d'IA qui évalue les échantillons de parole, les compare aux échantillons précédents du même patient et de la population en général, puis évalue l'état mental du patient. Les chercheurs ont demandé à des cliniciens d'écouter et d'évaluer des échantillons de parole de 225 participants volontaires - la moitié présentant des problèmes psychiatriques graves, l’autre non - dans les régions rurales de la Louisiane et du Nord de la Norvège. Ils ont ensuite comparé ces résultats à ceux obtenus avec l’IA. Les résultats montrent que les modèles d'IA peuvent être au moins aussi précis que les cliniciens. L'IA pourrait donc être un moyen efficace pour les cliniciens de tirer le meilleur parti du temps dont ils disposent avec leurs patients et de combler les lacunes dans l'accès aux entretiens cliniques. Dans leur document, les chercheurs discutent de l'urgence de développer un cadre permettant d'évaluer de façon honnête, équitable, scientifique et précise ces dispositifs complexes d’IA. Cependant, l’évaluation est un processus compliqué – au croisement entre médecine, informatique et droit - et les auteurs se concentrent donc sur trois questions : la capacité à expliquer le fonctionnement de l’outil, la transparence et la possibilité de généraliser son usage, qui sont essentiels pour établir la viabilité de l’utilisation de l’intelligence artificielle en psychiatrie. Ils concluent qu’il est important d’entamer la discussion, notamment afin de réfléchir aux politiques à construire dans ce domaine.
Lire l’article ici.



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La Lettre du Groupement de coopération sanitaire pour la recherche et la formation en santé mentale est éditée par le Centre collaborateur de l'OMS (CCOMS), service de l’EPSM Lille métropole. Le GCS a pour objet la recherche, la formation et la mise en œuvre d’actions visant le développement de dispositifs de santé mentale intégrés dans la cité, incluant la prévention et l’insertion des publics souffrant de troubles mentaux. Le Groupement œuvre à la promotion des échanges professionnels et à toute action de lutte contre la stigmatisation en santé mentale et en psychiatrie. Il favorise et soutient la participation des représentants des usagers, des familles et des aidants. Le GCS, dont le conseil scientifique est celui du CCOMS de Lille, relaie les recommandations de l’OMS au niveau national et localement.

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